FAITES UN DON

Journée mondiale du sida : Accès aux soins culturels

Nous nous sommes entretenu·e·s avec Notisha Massaquoi, professeure adjointe à l'Université de Toronto, Département de la santé et de la société, et membre du conseil d'administration de CANFAR, sur l'importance des soins culturellement adaptés pour les femmes africaines, caraïbéennes et noires.

L'impact de Notisha Massaquoi sur les meilleures pratiques en matière de soins liés au VIH est perceptible dans des projets tels que Women's Health in Women's Hands, The Black Health Equity Lab et le Cercle de soins pour les adolescent·e·s et jeunes adultes au TAIBU Community Health Centre.

Voici cinq principaux points à retenir de notre conversation avec Notisha, à l'occasion de la Journée mondiale du sida... 

«Le Women’s Health in Women’s Hands Community Health Centre est le seul centre de santé communautaire en Amérique du Nord qui offre des soins de santé primaires spécialisés aux femmes noires et racisées. J'ai eu le plaisir de participer à la création et à la mise sur pied de cet organisme, à l'élaboration des programmes et à la mise en place de tous les services de santé qu'il offre. J'ai été directrice générale de l'organisme pendant 22 ans. Je suis très fière d'avoir participé à la création de quelque chose d'unique. Je ne suis pas heureuse qu'il s'agisse du seul centre de santé communautaire destiné précisément aux femmes noires et racisées, mais nous sommes très fières du travail que nous accomplissons. Le centre dispose également du plus grand programme de lutte contre le VIH pour les femmes du pays.»

«Black Health Equity Lab est un laboratoire de recherche en sciences sociales à l'Université de Toronto. J'en suis la fondatrice et la directrice, et je l'ai créé précisément pour étudier les disparités en matière de santé que les communautés noires subissaient dans le système de santé au Canada. Je voulais un laboratoire qui ne se contente pas de traiter ces problèmes ou de nous dire quels étaient ces problèmes; je voulais un laboratoire de recherche travaillant avec la communauté afin que nous puissions élaborer des solutions et créer des programmes, des services et des outils dont les prestataires de services auraient besoin pour fournir des soins de santé adaptés aux communautés noires sur le plan culturel et racial.»

«En 2001, Women's Health In Women's Hands, Esther Tharao et moi-même avons réalisé la première étude sur les femmes noires et le VIH au Canada. À partir de là, nous avons compris quels étaient les besoins uniques et nous avons commencé à plaider pour que davantage de ressources soient consacrées aux femmes africaines, caraïbéennes et noires vivant avec le VIH. Mais en raison du retard pris dans l'obtention de ces ressources, les taux de VIH pour ces populations ont continué à augmenter.»

«Nous comprenons ce qu'est la stigmatisation liée au VIH de façon générale. Mais nous devons également examiner ce à quoi elle ressemble pour des populations racisées très précises qui sont déjà stigmatisées dans la société en raison de leur race, et qui sont maintenant doublement stigmatisées parce qu'elles vivent avec le VIH. Ainsi, le type de soutien nécessaire pour permettre aux gens de révéler leur statut en toute sécurité et de ne pas être exclus de certains espaces en raison de leur séropositivité devient très complexe.»

«L'absence de soins culturellement adaptés en matière de VIH perpétue les taux de VIH que nous observons, en particulier dans la communauté africaine, caraïbéenne et noire. Si je n'ai pas confiance dans le système de santé, si je n'ai pas confiance dans ma ou mon prestataire, si ma ou mon prestataire ne comprend pas certains de mes besoins culturels, s'il ou elle est quelqu'un qui peut même avoir un comportement raciste, ou si je ne vois pas de personnes qui me ressemblent, qui parlent comme moi,  qui parlent la même langue que moi dans le service - il me sera très difficile de continuer à aller me faire soigner si je ne suis pas prise en charge comme une personne à part entière.»