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La fin de la crise du VIH est à notre portée. Nous devons appliquer l'esprit pandémique pour y parvenir

Publié le 27 août 2020
Sean Rourke et Bill Flanagan
Contribution au Globe and Mail

Walgreens et Greater Than AIDS s'associent à des organisations locales pour promouvoir le dépistage gratuit du VIH et l'information dans les magasins à travers les États-Unis, lors de la Journée nationale du dépistage du VIH, le 27 juin 2018, à Chicago. JOHN KONSTANTARAS/THE ASSOCIATED PRESS
Walgreens et Greater Than AIDS s'associent à des organisations locales pour promouvoir le dépistage gratuit du VIH et l'information dans les magasins à travers les États-Unis, lors de la Journée nationale du dépistage du VIH, le 27 juin 2018, à Chicago. JOHN KONSTANTARAS/THE ASSOCIATED PRESS

Sean Rourke est scientifique au MAP Centre for Urban Health Solutions de l'hôpital St. Michael's de Unity Health Toronto, et conseiller scientifique stratégique pour la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR). Bill Flanagan est président et vice-chancelier de l'Université de l'Alberta et membre du conseil d'administration de CANFAR.

Imaginez que vous puissiez accéder facilement à un autotest de dépistage du COVID-19 à domicile. Avec des résultats instantanés, vous seriez en mesure de prendre des décisions éclairées sur votre santé et de décider si vous devez rester chez vous ou aller travailler. Des équipes de recherche du monde entier consacrent des ressources à la réalisation de ce projet, dans l'espoir de contribuer à stopper la pandémie qui dure depuis des mois. En attendant, de nombreuses juridictions canadiennes proposent des tests d'écouvillonnage médicalement administrés dans des délais rapides et de manière accessible.

Mais cette efficacité inspirante contraste fortement avec la manière dont l'épidémie de VIH a été gérée au Canada, où le taux de nouvelles infections par le VIH continue d'augmenter - alors que les chiffres diminuent constamment dans des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et le Japon.

La différence : Le Canada n'a pas encore approuvé ou mis en œuvre une gamme complète d'options de dépistage du VIH, y compris l'autodiagnostic ; nous n'avons pas encore assuré le lien avec les soins pour tous ; et l'accès universel et gratuit au traitement n'est pas uniformément disponible dans notre pays.

Des étudiants de l'Université de Witwatersrand expliquent le kit d'autodépistage du VIH, à Hillbrow, Johannesburg, le 19 mars 2018. MUJAHID SAFODIEN/AFP/GETTY IMAGES
Des étudiants de l'Université de Witwatersrand expliquent le kit d'autodépistage du VIH, à Hillbrow, Johannesburg, le 19 mars 2018. MUJAHID SAFODIEN/AFP/GETTY IMAGES

Environ 15 % des personnes vivant avec le VIH au Canada ne sont pas diagnostiquées : Elles sont séropositives mais ne le savent pas parce qu'elles n'ont pas été testées. Il existe également une proportion importante de personnes chez qui le VIH a été diagnostiqué mais qui ne sont pas prises en charge. Selon des estimations récentes des Centers for Disease Control des États-Unis, environ 80 % des nouvelles infections par le VIH résultent de lacunes en matière de dépistage et de traitement. Cela suggère que si davantage de Canadiens avaient accès à des autotests à domicile et recevaient ensuite un traitement efficace - qui peut permettre aux personnes séropositives de vivre presque normalement et qui, dans presque tous les cas, peut supprimer complètement le virus de sorte qu'il n' y a aucun risque de transmission à des partenaires sexuels - la réduction de la propagation pourrait en fait mettre fin à l'épidémie de VIH dans ce pays.

Comme le montre la recherche mondiale, l'autodiagnostic peut permettre d'atteindre plus facilement les personnes non diagnostiquées. Il abaisse les barrières pour les personnes marginalisées, qui sont plus exposées au risque de contracter le VIH. Il aide les personnes qui ont pu être victimes de stigmatisation et de discrimination lors de l'accès aux tests traditionnels dans le cadre du système de soins de santé.

La bonne nouvelle, c'est qu'un autotest à domicile pour le VIH est sur le point d'être approuvé au Canada. À l'automne 2019, notre équipe du Centre for REACH des IRSC - avec le financement des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Fondation canadienne de recherche sur le sida - a entrepris de réaliser l'étude finale dont Santé Canada avait besoin pour un autotest sanguin d'une minute mis au point par un fabricant de Richmond, en Colombie-Britannique. En avril, notre étude a montré que sa performance est précise à plus de 99 % et que plus de 95 % des participants à l'étude ont indiqué qu'ils l'utiliseraient à nouveau et qu'ils le recommanderaient à leur famille, à leurs amis et à leurs partenaires sexuels.

Le sénateur chilien Francisco Chahuan effectue un test de dépistage du VIH sur lui-même, afin d'encourager les gens à vérifier leur santé, à Valparaiso, au Chili, le 11 décembre 2018. RODRIGO GARRIDO/REUTERS
Le sénateur chilien Francisco Chahuan effectue un test de dépistage du VIH sur lui-même, afin d'encourager les gens à vérifier leur santé, à Valparaiso, au Chili, le 11 décembre 2018. RODRIGO GARRIDO/REUTERS

En rendant ce test largement disponible dans tout le Canada en quelques semaines - en faisant preuve de la même détermination que celle dont ont fait preuve les gouvernements fédéral et provinciaux pour le COVID-19 - nous contribuerions à mettre fin de manière décisive à la crise du VIH. Avec l'annonce imminente de cette nouvelle option de test, il est essentiel qu'elle soit disponible pour ceux qui veulent l'acheter en ligne ou en pharmacie, et qu'elle soit gratuite pour ceux qui ne peuvent pas se l'offrir, ainsi que pour ceux qui sont déjà touchés par les inégalités en matière de santé.

Comme dans le cas du COVID-19, nous ne pouvons pas laisser au hasard le soin de mettre les gens en contact avec les soins. Avec l'accès en ligne aux prestataires de soins de santé, les Canadiens doivent avoir la certitude que ces mêmes technologies sont mises en œuvre et rendues disponibles pour accéder au dépistage du VIH, avec des liens vers les soins et le traitement. Tout le monde doit y avoir accès, indépendamment de sa position sociale, de sa race, de son orientation sexuelle, de son statut économique ou de sa situation géographique.

Le Canada a prouvé ces derniers mois que les trois niveaux de gouvernement peuvent collaborer efficacement pour diffuser des messages de santé publique clairs et mettre à la disposition de tous ceux qui en ont besoin des tests de dépistage et des connexions avec des prestataires de soins. Nous devons faire de même pour le VIH grâce à ce nouvel autotest.

Nous sommes sur le point de disposer de tous les outils nécessaires pour mettre fin à l'épidémie de VIH au Canada - tout ce dont nous avons besoin, c'est de la volonté politique pour y parvenir.