Aujourd'hui, nous pouvons regarder avec fierté tout ce qui a été accompli dans le domaine de la recherche sur le sida au Canada.
En tant que membre fondateur de la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR) et médecin travaillant dans le domaine du VIH et du sida, je n'aurais jamais pu imaginer que nous aurions réalisé tout ce que nous avons aujourd'hui.
Dans les années 1980, mes collègues et moi-même savions qu'il fallait faire quelque chose pour enrayer cette nouvelle maladie. Il semblait que chaque jour, des patients étaient infectés et que beaucoup mouraient rapidement. Un grand nombre de Canadiens s'efforçaient de soigner les patients séropositifs, tandis que d'autres essayaient de sensibiliser le public à ce nouveau virus que le monde n'avait pas encore compris. Il ne nous restait plus qu'à nous tourner vers la recherche. La recherche peut s'appliquer à presque tous les secteurs du monde du VIH : comment éduquer les gens sur le VIH, comment prévenir la propagation du VIH, comment soigner les personnes infectées et comment traiter les maladies provoquées par le VIH.
Depuis le premier jour, la mission de CANFAR est très simple : collecter des fonds pour la recherche sur le VIH et le sida au Canada - et le faire correctement ! Notre objectif était d'aider à trouver un remède à la maladie qui emportait tant de vies autour de nous. En 1987, année de la création de CANFAR, le Canada a enregistré 524 décès liés au sida ; ce chiffre a augmenté de plusieurs centaines pendant plusieurs années.
Aujourd'hui, nous pouvons regarder avec fierté tout ce qui a été accompli dans le domaine de la recherche sur le sida au Canada. CANFAR a très bien réussi à promouvoir et à soutenir la recherche, et ses efforts ont fait une grande différence.
Pour les Canadiens vivant avec le VIH, les médicaments sont aujourd'hui si efficaces qu'ils peuvent mener une vie longue, productive et apparemment normale. Cela signifie que si notre succès se poursuit, nous finirons par nous mettre hors-jeu. Et n'est-ce pas là le but ultime ?
Le sida continue d'évoluer, exigeant davantage de recherche. Aujourd'hui, nous traitons les malades à un stade plus précoce de l'infection afin de les maintenir en vie et en bonne santé, notamment en évitant d'endommager leur système immunitaire. Les traitements sont de plus en plus puissants et de plus en plus simples à utiliser, mais ils s'accompagnent souvent de complications. Les patients séropositifs qui vieillissent - et qui prennent des médicaments depuis 20 ans ou plus - sont exposés à des risques d'effets secondaires chroniques, tels que la perte de mémoire, le cancer et les maladies du foie. Malgré nos succès, nous sommes confrontés chaque jour à de nouveaux défis.
La réalité est que les gens ont encore des rapports sexuels non protégés et que le VIH reste un problème important dans notre pays. Un quart des Canadiens séropositifs ne savent pas qu'ils sont infectés. Nous devons veiller à ce que la sensibilisation au sida et la prévention restent d'actualité dans nos communautés.
Je sais que le sida ne s'arrêtera pas facilement ou immédiatement. Nous avons découvert et développé des outils et des connaissances qui nous ont mis sur une voie très encourageante, mais ce n'est pas encore suffisant. La recherche d'un remède ou d'un vaccin efficace reste la priorité des chercheurs canadiens, mais nous ne pouvons pas y arriver seuls.
Je suis honoré d'avoir participé aux débuts de CANFAR et d'avoir été le témoin de l'impact de la recherche. Mais je serais encore plus honoré de participer à la fin de CANFAR et, par conséquent, à la fin du sida.
Écrit par : Dr. Norbert Gilmore