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Profils CANFAR : Dre Jacqueline Gahagan

RENCONTRE DR. JACQUELINE GAHAGAN

Jacqueline Gahagan est une chercheuse financée par CANFAR. Elle est professeur titulaire de promotion de la santé et chef de la division de promotion de la santé à l'école de santé et de performance humaine de la faculté des professions de santé de l'université Dalhousie. Elle est impliquée dans le plaidoyer, l'activisme et la recherche sur le VIH/sida depuis plus de vingt ans et a reçu la Médaille du jubilé de diamant de la Reine Elizabeth II en 2012 pour l'excellence de son travail dans le domaine du VIH/sida. 

Que devons-nous savoir aujourd'hui sur le VIH et le sida ?

Si le VIH peut aujourd'hui être traité grâce aux progrès de la médication, il n'est pas possible de s'en débarrasser et nous devons donc continuer à prêter attention à la prévention primaire. Nous devons veiller à ce que les personnes qui vivent avec le VIH soient conscientes de leur infection, afin qu'elles puissent bénéficier de ces traitements avant de devenir vraiment malades. Nous ne pouvons y parvenir qu'en étant créatifs et proactifs dans la manière dont nous proposons le dépistage du VIH, comme le dépistage au point d'intervention où les résultats peuvent être donnés immédiatement. Nous devons également examiner comment les principaux déterminants de la santé continuent d'influer sur les taux d'infection et y remédier en utilisant des approches de prévention plus proactives telles que "le logement comme moyen de prévention du VIH" ou "la réduction de la pauvreté comme moyen de prévention du VIH".


Quels sont les projets de recherche sur lesquels vous travaillez actuellement ?

En résumé, j'ai une grande variété de recherches financées en sciences sociales sur le VIH et la santé sexuelle dans mon unité de recherche qui prend en considération les façons dont les déterminants clés de la santé (c.-à-d. le sexe, le revenu, l'éducation, le logement, etc.) ont un impact sur la prévention primaire et la prévention secondaire (voir www.dal.ca/gahps pour plus de détails), notamment la prévention primaire et secondaire du VIH et du VHC chez les jeunes du Canada atlantique, l'élaboration d'une déclaration de consensus national sur les femmes, les transgenres et les filles et la recherche sur le VIH, l'accès aux tests de dépistage du VIH au point de service et leur utilisation, et le réseau de recherche sur les infections sexuellement transmissibles (STIRN).

À quoi ressemble une journée typique au laboratoire ?

En général, ma journée commence par des réunions avec mon directeur de recherche pour voir où en sont nos différents projets, quelles sont les demandes de financement à présenter, élaborer des demandes d'éthique de la recherche, rencontrer mes formidables étudiants et stagiaires pour voir comment ils progressent dans leurs propres recherches, organiser des téléconférences avec des collègues nationaux et internationaux, tenir des réunions en face-à-face avec d'autres membres du corps enseignant, et se termine par une promenade à la maison le long de l'océan pour réfléchir à la journée écoulée.

Quels sont les petits progrès que vous constatez chaque jour, chaque semaine, chaque mois ?

Au cours des dernières années, nous avons constaté des progrès, tant au niveau national que régional, dans la manière dont nous abordons le dépistage du VIH, notamment en proposant des méthodes de dépistage novatrices, comme le dépistage aux points de service, afin que les personnes vivant avec le VIH puissent bénéficier d'un accès rapide aux soins et aux traitements. Il est intéressant de noter que nous sommes la seule région du Canada à ne pas disposer d'un accès régulier au dépistage au point de service, ce qui peut constituer un obstacle à la découverte du statut sérologique, en particulier dans les zones rurales et éloignées. C'est pourquoi nous menons des recherches sur la préparation des communautés aux innovations en matière de dépistage, telles que le dépistage du VIH aux points de service.

Qu'espérez-vous obtenir grâce à vos recherches ?

Du point de vue de l'équité en matière de santé, j'espère développer ou réorienter les politiques de dépistage du VIH et les réponses programmatiques afin de devancer les infections par le VIH parmi les populations qui sont les moins susceptibles de se présenter pour un test de dépistage du VIH, et de veiller à ce que les personnes infectées par le VIH qui ignorent leur statut sérologique aient un accès plus facile au dépistage afin qu'elles puissent elles aussi bénéficier des nouvelles avancées en matière de traitement et de prise en charge.

Qu'est-ce qui vous enthousiasme dans votre recherche ?

Voir toute l'énergie et l'enthousiasme que suscite le travail que nous accomplissons et voir les changements dans les politiques de lutte contre le VIH pour améliorer nos efforts de prévention dans les écoles, les communautés et au-delà.

Quel est le domaine le plus important de la recherche sur le VIH et le sida à l'heure actuelle ?

Il est très difficile de répondre à cette question, compte tenu de toutes les priorités et de tous les problèmes clés de la recherche sur le VIH. De mon point de vue, je pense que nous devons nous pencher sur l'innovation dans le dépistage du VIH qui permet de multiples possibilités de dépistage en même temps que d'autres infections, par exemple, le dépistage au point de soins pour le VIH, le VHC et les IST en une seule fois.

Pourquoi le moment est-il venu de faire de la recherche sur le VIH et le sida une priorité au Canada ?

Nous ne pouvons pas permettre que les changements dans le financement et la pression pour des approches intégrées du VIH, des MST et des TBI nous fassent perdre du terrain par rapport aux progrès que nous avons réalisés au cours des trois dernières décennies. Nous devons tirer les leçons des 30 années de mouvement social autour du VIH en Amérique du Nord et nous assurer que nous abordons des questions importantes et persistantes telles que la stigmatisation et la discrimination liées au VIH, les différences entre les sexes dans les risques de VIH, l'homophobie et d'autres facteurs qui créent les conditions sociales pour le risque de VIH ou les "contextes de risque".

Pourquoi le moment est-il venu de faire de la recherche sur le VIH et le sida une priorité mondiale ?

Comme indiqué précédemment, il s'agit de s'assurer que nous ne perdons pas la dynamique associée à une approche ciblée et autonome du VIH au cours des 30 dernières années et de veiller à ce que les progrès en matière de prévention, de soins et de traitement dont nous bénéficions au Canada soient partagés par ceux d'autres régions du monde.

Qu'est-ce que le Canada peut offrir de plus que les autres pays en matière de recherche sur le VIH et le sida ?

Nous disposons d'un groupe national de personnes qui travaillent très dur dans le domaine de la recherche sur le VIH, dans tous les types de recherche, de la recherche fondamentale et clinique au travail que je fais dans le domaine des sciences sociales, et avec cela, beaucoup de leadership et d'innovation dans le domaine de la recherche sur le VIH. Nous avons la chance, au Canada, de disposer de sources de financement spécialisées comme CANFAR, qui a financé l'une de mes premières études sur les jeunes hommes hétérosexuels et la prévention du VIH.

Quelles sont les prochaines étapes de la recherche sur le VIH et le sida au Canada ?

Je vois deux changements clés se produire :

  • Intégration : Plus de moyens d'intégrer nos réponses au VIH d'une manière qui recoupe d'autres virus et infections transmissibles par le sang tels que l'hépatite C et certaines infections sexuellement transmissibles.
  • Science des programmes : L'étude des moyens d'améliorer la planification, la mise en œuvre et l'évaluation des programmes de prévention du VIH, par exemple.

Quelles ont été les étapes les plus importantes de la recherche sur le VIH et le sida ? 

Sans aucun doute, le développement et l'extension des traitements et l'accès à ces nouveaux traitements pour les personnes vivant avec le VIH dans le monde entier. Il s'agit là d'un changement majeur dans notre approche du VIH, qui a permis d'éviter que des personnes ne développent le sida et ne meurent. Cette étape importante dans la mise en œuvre des traitements a nécessité de revoir notre approche des grands déterminants de la santé qui ont un impact sur les taux d'infection par le VIH, ainsi que la manière dont les personnes peuvent vivre correctement avec le VIH tout au long de leur vie, en tenant compte de la nécessité d'aborder les questions de logement, de sécurité alimentaire, de violence fondée sur le sexe, de santé mentale, de toxicomanie et de pauvreté.